15 Juillet 2023
On connaît la diversité de l’œuvre de Georges Perec.
Il l’a lui même revendiquée, affirmant n’avoir "jamais écrit deux livres semblables", n’avoir "jamais eu envie de répéter dans un livre une formule, un système ou une manière élaborée dans un livre précédent".
Cette "versatilité systématique", pour reprendre sa propre expression, se retrouve dans l’imposante masse des brouillons qu’il a laissés et qui constituent aujourd’hui l’essentiel du fonds privé Georges Perec.
Hétérogénéité des supports et des formats ("feuilles volantes, copies quadrillées, carnets, cahiers, et registres", précise-t-il à Jean-Marie Le Sidaner qui l’interroge sur ses habitudes matérielles d’écrivain), des outils (stylo, stylo à bille, crayon, feutre, surligneur, machine à écrire), des pigments (encres noire, bleue, rouge, verte, violette, ocre), des graphies (à la fois dans la grosseur et dans le tracé), des orientations, des manipulations (biffage, raturage, surcharge, découpage, agrafage) et même des systèmes sémiotiques, le dessin venant se mêler, jusqu’à parfois l’envahir, à l’écrit, le visible au lisible.
"J’écris : j’habite ma feuille de papier, je l’investis, je la parcours."
Un beau présent est un texte composé de sorte que ne sont utilisées que les lettres d’un nom ou d’un mot.
Cette contrainte du « Beau présent » fut inventée par Georges Perec.
Il s'agit d'écrire un texte ( généralement un poème ) constitué seulement avec les lettres des nom et prénom du dédicataire.
Un Beau présent est un poème composé en l’honneur d’une personne d’un sexe ou un autre, chérie ou détestée.
Les beaux présents et belles présentes sont recommandés pour les anniversaires, les remises de décorations, les lettres d’insultes et autres occasions festives.
L’Epithalame oulipien texte de circonstance composé à l’occasion d’un mariage , offert en présent aux mariés est construit à partir des seules lettres de leurs noms réunis.
" Par extension et abus de langage, l’épithalame oulipien peut être utilisé en cas de fiançailles ou de pacs. G.P "
Variante 1 :
La contrainte “ littérale ” prend en charge la contrainte “ sémantique ” de l’épithalame : comme dans le mariage qui est fusion et échange, les “ lettres ” des époux vont se fondre et s’échanger. Une à une, le marié et la mariée vont se donner leurs lettres non communes, jusqu’à n’être plus qu’un langage, et qu’un corps.
Variante 2 :
Dans cette variante, le poème est composé de trois strophes : dans la première, seules les lettres d’un des deux noms sont utilisées ; dans la deuxième, celles du deuxième nom. Les lettres des deux mariés sont alors unies pour une troisième strophe.
Avec les seules lettres contenues dans un mot, écrire un texte.
1) Sur le verbe AIMER, par G. Perec
Aimer rire aéré, aire
mer rimée
âme même amie
mer amarrée à ma rame
2) Sur le nom et le prénom d’une amie…
À MARIE-JEANNE HOFFENBACH, par G. Perec
Ça ne rime à rien ce machin, ce bric-à-brac ?
Macache bono, je m’en fiche !
Je ne me rebiffe ni ne bronche
Je ne me fâche ni ne crie !
À moi, mon Roi !
À moi, ma reine, ma rombière, ma Mère MacMiche, Ma Chimène, ma fanfaronne !
À moi, mon Chéri-Bibi, mon caniche nain, mon boa !
Je cherche, je biffe, j’efface, j’arrache, je recommence, je m’acharne, je rabiboche
Ça fera chic (…). Ça marche ! Je fonce…
Vous êtes tentés ?
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