Les mouches

LES MOUCHES

Les mouches, quand elles mettent momentanément fin à leur manège, et je vole à gauche, et je vole à droite, et je marche sur une vitre, et je fais mon étonnée parce que la vitre a un bord, et je recommence à voler, je me pose en catastrophe sur un crâne, j'agace, je nargue, et je file à nouveau, je vais faire mes courses sur une toile cirée, les mouches donc, quand elles se donnent un peu de répit, ont souvent un geste drôle : elles lèvent leurs pattes de devant et elles les frottent l'une contre l'autre.

Ce geste ressemble à celui d'un marchand qui a réussi une affaire, qui a vendu quelque chose à bon prix et qui se félicite, se congratule lui-même.

Les mouches sont des femmes d'affaires.

Christian Bobin "Geai"

A vous de choisir un sujet et de construire votre récit selon le modèle de C. Bobin, en utilisant le mot

"  et " pour rythmer vos phrases et en le concluant de la même manière.

"Geai était morte depuis deux mille trois cent quarante-deux jours quand elle commença à sourire."

Geai, un conte dont le héros est un enfant rêveur qui connaît une complicité enthousiaste avec le fantôme d'une femme morte depuis longtemps.

"Geai, c'est un chant qui vient de l'enfance, et qui y retourne, pour rejoindre cet amour qui manque à tout amour",

explique l'auteur.

Vous pouvez déposer vos textes dans la rubrique " commentez " en bas de page .

Comments

[christine]

Et pourquoi ?
je peux te dire que
Je sais mais je ne peux pas te dire
Je sais et je ne veux pas te dire
Mais je te dis quand même.

Et pourquoi ?
Et se taire
Et laisser dire
Et ne pas tout dire
Et laisser faire

Le pourquoi des 3 ans
Les réponses qui nous construisaient
Et les non réponses qui laisseraient place
A de fausses bonnes réponses
Et à des réponses dérangeantes
Qu’il faudrait bien arriver à verbaliser pour nous éclairer
Et limiter ces empilements, ce million de mille-feuilles instables
Qui crouleraient sous des mensonges
dont il deviendrait de plus en plus difficile de se dépêtrer.

Et pourquoi ?
Parce que…
maintenant je sais
que dire avec des mots
Avec mes mots
Est plus constructif que les sous-entendus
Mais que souvent, mieux vaut choisir ses mots
Et se rendre compte que ces mêmes mots
Ne veulent pas dire la même chose pour chacun

Et alors, prendre le temps d’expliquer
Et savoir.

Et pourquoi savoir ?
Parce que !

[Nicole]

MON CHAT

Quoi de plus drôle et adorable qu’un chat . Un bond sur le bureau et le voilà , face à moi, qui plonge ses pupilles dorées dans mes yeux. Comme un défi . C’est moi le maitre ici !
Et que je te frotte la tête contre l’ordinateur et que j’enjambe les papiers et que je passe sur le clavier et que je jette un coup d’oeil à droite, tiens , un truc … ça roule, c’est léger ..et que je regarde à gauche ..tiens, ça brille et que je me demande ce que je choisis et hop un petit coup de patte et plouf par terre la gomme … C’est très drôle une gomme par terre ...et que je la pousse d’un côté et que je la pousse de l’autre et que je la fasse sauter avec mes deux pattes avant . Ah zut la voilà coincée sous le fauteuil.
Et le voici qui se dirige vers ses croquettes et que j’en croque une et que j’en croque deux .. et que je m’étire vers l’avant et que je me love dans mon douillet couffin de fourrure. Et que je me lèche la patte gauche et que je grignote la patte droite et que je nettoie l’avant patte et que je la passe derrière l’oreille et encore et encore et que je me roule finalement en boule pour dormir ….
Et enfin, moi, me voici tranquille pour écrire , sans sa présence facétieuse sur mon bureau encombré.
C’est un perturbateur de concentration et une source d’inspiration, mon chat .

[Manfred]

Rhumatisme

Et vas y que j'accroche, je rouille, je bloque, et puis j'enflamme, et je tends, je boule et je brûle je plie et je déforme et je crampe et gravillonne et puis je tord, je plie et je serre, j'enserre, je crisse, je gravière, je grippe, et j'agrippe et je tord et menace encore , je râpe le tendre tendon et je hache et j'ébrèche et défibre le muscle trop fier ,j'empêche , je freine, et parfois je stoppe tout mouvement ,
et vous ne bougez plus, vous vous grippez et vous vous accrochez aux meubles et vous soufflez, et vous criez et plus vous souffrez plus je m'aiguise ,et m'insinue, et je titille le moindre recoin de vos articulations , je deviens palindrome , fantôme douloureux et invisible , et je griffe , et je presse, et compresse , je pince et je grince, j'abrase et je ponce, et j'écharde , et j'irrite sans mérite c' est mon boulot voyez vous cela ? Vous ne me connaissez pas . Mais nous ferons connaissance dans quelques années . Quand vos épaules et votre nuque et les coudes et les poignets , vos hanches et vos vertèbres brûleront, sciatique on vous dira , en êtes vous sûr ? Et les genoux, et les chevilles , et les crampes aux mollets et les orteils en vrac , et les doigts qui craquent , et les genoux qui bloquent
la lourdeur des gestes et la maladresse et ce corps
Il vous faudra vieillir pour mieux me connaître moi le rhumatisme mais votre heure viendra bientôt ...

[Nicole]

très drôle ! c'est du vécu ?

[TR Jacquotte]

Le chat

Le chat, quand il ne réclame pas son dû de croquettes et je miaule et je te suis partout et je me frotte à tes jambes et je te fais des yeux doux et je te fixe pour t' hypnotiser , je feule, je fais des va-et- vient, je caquette furtivement, je m' étire longuement, je balance la queue d'impatience, le chat donc, quand il cesse ces petites manœuvres là, change soudain de stratégie :
D' un bond, il se perche sur ton épaule pour caresser langoureusement ta joue, tout en ronronnant.

Ce geste ressemble à celui d' un tacticien enjoleur qui teste tout pour arriver à ses fins.

Le chat est un séducteur

[Maryvonne]

Les hirondelles
Les hirondelles, quand elles arrivent au printemps et qu'on les aperçoit pour la première fois frôler l'herbe des prés, survoler les arbres, les vaches et les maisons du hameau et lorsqu'elles se posent sur le fil du téléphone et se lancent dans le ciel de Fontmerle et piaillent à qui mieux- mieux d'un bout à l'autre du pré de Francis, qu'elles suivent le cours du ruisseau en rase motte et qu'elles gobent les moustiques qui ne nous piquerons plus et gloutonnent les mouches qui ne saliront pas nos baies vitrées, nous sommes aux anges car leur retour signe la belle envolée du printemps.
Les hirondelles sont les messagères des beaux jours.