Coup de bêche ....

Une consigne d’écriture ne met pas une petite ligne d’ordre dans le chaos d’un cerveau oisif.

Elle est un coup de bêche.

La rêverie qu’elle lance ou qu’elle déchaîne est « une révolution comparable à celle qu’opère la charrue ou la pelle, lorsque, tout à coup et pour la première fois, sont mises au jour des millions de parcelles, de paillettes, de racines, de vers et de petites bêtes jusqu’alors enfouies. »

De quelque côté que l’on se place alors, auteur, lecteur, auditeur libre, simple curieux, goûter à l’écriture « inspirée », c’est comme boire de l’eau de mer qui rend la soif toujours plus folle, une eau euphorisante, hallucinogène, enivrante, hypnotique, excitante.

Cela devient une souple dépendance, une emprise active, une folie circulaire qui permet parfois de se calmer et de se reprendre, et qui d’autres fois vous précipite par la fenêtre.

C’est que cette écriture-là révèle à chacun une faculté exceptionnelle, qu’il faut croire d’ordinaire enfouie, et que tous peuvent voir à l’œuvre sur eux-mêmes : ils étaient des dormants et, soudain, il faut se rendre à l’évidence, le mort se révèle comme vivant.

L’exaltation est absolue.

Chaque fragment d’écriture fait tressaillir et boire ce qui était immobile et sec, dans la tête et dans l’existence.

Régine Detambel, née le 7 octobre 1963 à Saint-Avold (Moselle), est une écrivaine française. Elle s'intéresse aux vertus thérapeutiques de la lecture et de l’écriture.

« On croyait apercevoir un bout de bois gâté, et c’est une grande sauterelle des foins qui s’envole, déployant sous ses élytres gris une seconde et brillante paire d’ailes » écrivait Ernst Jünger.

Ernst Jünger est un écrivain allemand, né le 29 mars 1895 à Heidelberg et mort le 17 février 1998 à Riedlingen.

Je vous propose de piocher dans ce terreau fertile qu'est l'écriture, et de laisser aller votre plume à la suite des propositions ci dessous, de les utiliser comme des tremplins, au gré de vos envies et inspirations du moment, dans le réel ou le fictif,  en lâchant prise.....

A mon avis..........

Je pense que..........

Je trouve que..........

Il semblerait que.............

Il est possible que.............

C'est vrai que.............

C'est faux car.............

Pas du tout.............

Parfois.............

Souvent.............

Et pourtant.............

Quelques fois.............

LES BIENFAITS DE L ECRITURE - ARCHITEXTE/EOLE

http://architexte.over-blog.com/2020/11/les-bienfaits-de-l-ecriture.html

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Spéciale dédicace à Clem'.

Comments

[Maryvonne]

COUP DE BÊCHE
A mon avis, des milliers de mots se cachent dans les replis savamment disposés de mon humble cerveau jusqu'à ce qu'une étincelle leur éclaire le chemin jusque ma conscience. Elle les catégorise, les associe et les organise en phrases simples ou complexes, en vers ou en prose, en simples listes ou en textes construits, en dialogues, en récits ou en fictions ou les laisse divaguer et s'évanouir dans les limbes.
Je pense que la synchronisation n'est pas toujours parfaite et bien que consciemment je sois disposée à l'écriture, le crayon reste en suspens et la feuille resplendit de sa blancheur entre les lignes sans qu'aucun signe ne vienne s'y inscrire.
Je trouve qu'alors la consigne m'oblige à fouiller les recoins pour débusquer les coquins de mots cachés qui pas à pas sortent du bois, tantôt se suivant dans un ordre établi, tantôt se bousculant et obligeant à la rature.
Il semblerait qu' ils aient un rythme propre d'éclosion à la pensée et qu'il me faille beaucoup me concentrer pour en tirer une maigre pitance pour la lectrice que je suis ou qu'au contraire ils affluent sans que je puisse les retenir et les immobiliser sur le papier.
Il est possible que de nombreux paramètres entre en ligne de compte pour expliquer chacune de mes tentatives d'écriture et qu'il m'est impossible de tous les citer: lieu, humeur, météo intérieure et extérieure, sujet, disponibilité d'esprit ...
C'est vrai que l'on peut se demander ce qui interfère dans la fluidité de l'inspiration ou dans le blocage devant une même consigne à deux instants t différents mais une chose est certaine: chaque situation est unique et il est difficile d'en tirer des conclusions pérennes.
Il est faux de penser qu'il suffit de faire le vide autour de soi et de se concentrer pour que l'inspiration l'emporte et me transporte dans des univers inexplorés de ma pensée. Le petit bureau bien rangé dans une pièce à la décoration dépouillée serait-il un paramètre à retenir ?
Pas du tout car il faut une disponibilité de l'esprit, une certaine excitation de la sphère du langage et en même temps une certaine détente pour que les mots émergent et s'agencent pour créer du texte, qu'un sujet que je juge digne d'intérêt apparaisse. Le lieu peut être insignifiant.
Parfois, le sujet est gai parfois il est sombre. Rien à voir pourtant avec l'humeur du jour. Parfois, les vers surgissent, d'autres fois la prose s'impose.
Souvent, la consigne est un déclancheur productif alors que la page blanche impressionne voire paralyse.
Et pourtant il est possible de nourrir le crayon de mots à poser tout azimut en créant des réservoirs de substantifs, adjectifs, verbes et adverbes pour y piocher ensuite la matière comme un Logorallye qui entraîne les associations d'idées fécondes.
Quelques fois une idée surgit et si le crayon n'est pas à portée de main, il est déjà trop tard. Elle est de passage et ne s'arrête pas si je ne l'attrape pas au vol. D'autres fois, les mots arrivent par wagons entiers, en vrac, dans un défilement incessant : ils peuvent être envahissants au point de ne pas pouvoir faire de choix ou disparaître aussitôt apparus sans que je puisse les retenir.
Toujours, l'écriture est une expérience unique dans un moment unique qui provoque un plaisir unique.
Vive les coquins de mots !

[Chantal]

A mon avis, au petit matin, quand la lune éclaire encore la nature blafarde, il a pris le chemin.

Je pense qu’à cette heure, comme à son habitude, il longe la rivière.

Je trouve qu’il aurait pu laisser un mot, une explication.

Il semblerait que la veille il avait minutieusement entretenu son vélo.

Il est possible qu’il ait projeté de faire un périple le long du canal, il aime tant cette balade.

C’est vrai que son humeur était sombre, soucieuse, silencieuse précise sa tante.

C’est faux car hier il chantait et feuilletait avec le sourire une BD

Pas du tout rétorque la tante, son visage s’est assombri à la fin de sa lecture

Parfois il s’identifie tant au personnage que son regard reflète l’évasion

Souvent il se grime, fait une barricade avec les coussins, ses crayons deviennent des rayons laser

Et pourtant, ce matin, rien dans sa chambre n’avait bougé, le lit était intact

Quelquefois le jardin était l’objet de ses mises en scènes mais ce matin tout est en place, alors allons voir si son histoire l’aura mené plus loin....

[Maryvonne]

Sympathique petite histoire. Merci Chantal.