23 Novembre 2022
LA CHARTE de L'ATELIER D'ECRITURE
Un atelier d'écriture créative désigne un lieu et un moment coopératif de création, d'apprentissage, d'échanges, consacré à l'écriture qui, à la fois, suscite et sollicite la créativité des participants, en particulier au moyen d'inducteurs et de « contraintes » artistiques volontaires proposées a un groupe (le groupe est un stimulant pour l’écriture, la créativité ) réuni par le désir d'écrire, et soutenu dans ce désir par l'animateur.
C'est un lieu où l'on ose écrire, expérimenter, jouer avec les techniques littéraires ( exercices de style, par exemple, ou rhétorique ).
Il s'agit de découvrir son écriture et d'aller à la rencontre de celle des autres dans un cadre qui inclut bien sûr la sécurité, le respect, et le non jugement de l’autre .
Ce cadre consiste aussi en une diversité d’outils, de propositions d’écriture, ou contraintes, élaborés par l’animateur en fonction du groupe, et qui permettent à chacun d'exprimer son imaginaire et son monde intérieur par le biais de la langue.
Les mots possèdent ce prodigieux pouvoir de rapprocher et de confronter ce qui, sans eux, resterait épars... ( Cl. Simon )
Claude Simon est un écrivain français, né le 10 octobre 1913 à Tananarive (Madagascar) et mort le 6 juillet 2005 à Paris. Le prix Nobel de littérature en 1985 est venu récompenser celui « qui, dans ses romans, combine la créativité du poète et du peintre avec une conscience profonde du temps dans la représentation de la condition humaine ».
Il s'est également intéressé à la peinture et à la photographie.
L'atelier amène le participant :
• à trouver sa voix propre;
• à s'ouvrir à la diversité des écritures par l’échange avec les autres membres du groupe;
• à progresser vers l’autonomie.
C'est une rencontre avec soi-même, aussi pour l' animateur !
L'atelier d'écriture n'est pas:
♣ un cours de calligraphie
♣ un cours de français
♣ un apprentissage de l'écriture
♣ une thérapie
L'atelier d’écriture c'est:
un lieu où l'on écrit d'abord pour le plaisir d'écrire, pour le bonheur de s'exprimer, de retrouver le plaisir d'écrire à la main,
un lieu de création ouvert à tous
un lieu où les relations entre les participants, au travers de l'écriture, sont fortes, empreintes d'ouverture et de bienveillance
un lieu ou se retrouvent des personnes ayant envie de jouer avec les mots,
C'est le plaisir de :
partager des mots autour de l'écriture et de la lecture
créer des textes courts dans un laps de temps défini, en suivant le thème imposé par l'animateur, donner libre cours à son imagination.
Écrire en atelier, c'est vivre de manière personnelle l'acte d'écrire et ses différentes étapes, tout en bénéficiant du soutien du groupe et de l'accompagnement de l'animateur de l'atelier.
C'est la route vers l'inconnu que chacun porte en soi. L’animateur vous guide à l’aide de propositions d’écriture et de commentaires adaptés à chacun.
Aucun niveau n’est exigé, sinon une certaine maîtrise de la langue.
L’important est d’avoir l’envie d’écrire.
Le pari étant que chacun peut arriver à écrire, à s’exprimer par l’écriture.
C’est surtout un lieu d’expression ouvert à tous.
Lorsque les « ateliéristes « que nous avons baptisés « Ecrivaillants «
écrivent, l'animateur est présent et disponible.
Historique des ateliers d'écriture
Jusqu'à la fin du 19ème , l'écriture est une activité solitaire et sacrée, l'écrivain est un inspiré qu'on admire.
A partir du début du 20ème , il y eut un nouveau regard sur le processus d'écriture.
Avec le surréalisme : ensemble de procédés de création et d'expression utilisant toutes les forces psychiques ( automatismes ,rêve, inconscient ) libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues, mouvement intellectuel révolutionnaire affirmant la supériorité de ces procédés.
Après 1914, c'est l'essor de la linguistique avec Ferdinand de Saussure (linguiste suisse 1857-1913 )Puis le structuralisme analyse le texte comme une structure.
L'écriture se réalise dans et avec un groupe, on étudie le travail des écrivains. L'atelier est sous-tendu par un désir d'échanges et de partage d'émotions, d'apprentissages de savoir-faire.
La première moitié du 20ème siècle est par ailleurs traversée par des écrivains qui épuisent les ressources du langage : Michaux, Queneau, Céline, Leiris, Ionesco, Tardieu, Desnos, Ponge, Perce ...
La mode des ateliers d'écriture commence en France par Mai 68, avec quarante ans de retard sur les Etats-Unis.
Les premiers ont vu le jour sous l’influence de l’Oulipo, « l’Ouvroir de Littérature Potentielle », autour de Raymond Queneau puis d’un cénacle d’écrivains dont Georges Perec et Italo Calvino, autour de l’idée centrale selon laquelle la contrainte pouvait libérer l’écriture vers la production de textes le plus souvent dénués de toute recherche de sens.
Imagination, plaisir, jeu, virtuosité verbale étaient les maîtres mots de ces pères de l’atelier d’écriture.
La démarche de cet atelier est au carrefour de ces différentes influences : ni véritablement analytique, ni littéraire, ni thérapeutique, elle s’inspire de tous ces courants.
A propos de la contrainte
Malgré le développement à croissance rapide des ateliers d’écriture, on ignore encore souvent comment ceux-ci fonctionnent.
L’atelier d’écriture, c’est le principe du captage des eaux : on restreint, on contraint, et on obtient la pression.
L’atelier d’écriture est le lieu de la plus grande liberté à l’intérieur de la plus grande contrainte.
Vous avez dit « contrainte» ? Contrainte du lieu, tout d’abord. Un groupe de personnes est assis autour d’une table, tout se passe là.
Contrainte de la motivation d’écriture, ensuite. L’animateur donne une contrainte, l’explicite , lit des extraits sans en donner les textes aux participants, pose les cadres de sa demande.
Contrainte du temps, enfin. Dans un temps donné par l’animateur (5 à 30 minutes, en général, selon les productions), il faut écrire…
Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense
Baudelaire
Celui qui écrit en observant un certain nombre de règles est plus libre que celui qui écrit ce qui lui passe par la tète et qui est esclave d'autres règles qu'il ignore,
Queneau
« Je me donne des règles pour être totalement libre «
Laissons les venir les fabuleuses contraintes, elles sont liberté,
Perec
Dans Le Parti pris des choses, Francis Ponge fait une proposition à ses lecteurs :
« Je propose à chacun l’ouverture de trappes intérieures, un voyage dans l’épaisseur des choses, (…) une révolution (…) comparable à celle qu’opère la charrue ou la pelle, lorsque tout à coup, et pour la première fois, sont mises à jours des millions de parcelles, de paillettes, de racines et de vers jusqu’alors enfouis. »
Je ne prétends pas vous instruire ou vous former
Mes propositions d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, elles enflamment l’imagination et éveillent le créateur qui est en vous. Après quoi, vous menez le projet d’écriture qui vous convient.
Pascale.
ARCHITEXTE 2022
Qu’est-ce que l’Oulipo ? ( défini par lui même )
par Marcel Bénabou & Jacques Roubaud
OULIPO ? Qu’est ceci ? Qu’est cela ? Qu’est-ce que OU ? Qu’est-ce que LI ? Qu’est-ce que PO ?
OU c’est OUVROIR, un atelier.
Pour fabriquer quoi ? De la LI.
LI c’est la littérature, ce qu’on lit et ce qu’on rature.
Quelle sorte de LI ? La LIPO.
PO signifie potentiel
. De la littérature en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu’à la fin des temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques.
QUI ? Autrement dit qui est responsable de cette entreprise insensée ?
Raymond Queneau, dit RQ, un des pères fondateurs, et François Le Lionnais, dit FLL, co-père et compère fondateur, et premier président du groupe, son Fraisident-Pondateur.
Que font les OULIPIENS, les membres de l’OULIPO (Calvino, Perec, Marcel Duchamp, et autres, mathématiciens et littérateurs, littérateurs-mathématiciens, et mathématiciens-littérateurs) ?
Ils travaillent.
Certes, mais à QUOI ? A faire avancer la LIPO.
Certes, mais COMMENT ?
En inventant des contraintes.
Des contraintes nouvelles et anciennes, difficiles et moins diiffficiles et trop diiffiiciiiles.
La Littérature Oulipienne est une LITTERATURE SOUS CONTRAINTES.
Et un AUTEUR oulipien, c’est quoi ?
C’est « un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir ».
Un labyrinthe de quoi ?
De mots, de sons, de phrases, de paragraphes, de chapitres, de livres, de bibliothèques, de prose, de poésie, et tout ça…