ECRITURE CREATIVE - MEDITATION PLEINE CONSCIENCE
25 Septembre 2020
L’automne est la saison du lâcher prise, de l'abandon.
La nature change et les arbres se déshabillent, abandonnent leurs feuilles, la luminosité baisse et les jours sont plus courts.
Peu à peu la nature rentre en elle-même, l'énergie retourne dans le sol, à l'abri des intempéries.
Les activités du printemps et de l’été s’arrêtent. Nous entrons, nous aussi de nouveau dans nos maisons. Pour tous et pour tout, c'est la rentrée !
Nous pouvons nous sentir nous-même un peu plus las, et comme appelés à ralentir notre rythme.
Bien sûr nous essayons de lutter contre ça.
Notre monde accepte mal cette baisse de régime.
Mais au fond notre résistance est vaine.
Il y a bien quelque chose en nous qui, à l’imitation de ce qui a lieu autour de nous, s’éteint petit à petit.
Tout se prépare à l’accalmie hivernale.
Mais malgré ce mouvement d’abandon, l’automne offre aussi d’incroyables cadeaux.
Toute la nature s’est habillée d’or, de rouges et de brun.
Les arbres donnent leur plus beaux fruits, qui tombent au sol, remplis de force et d'énergie, après leur bain de soleil..
Tout se donne entièrement dans l’automne. Rien n’est gardé en réserve.
Ce mouvement dans lequel la nature donne, ne garde rien pour elle, pas même sa propre substance, jusqu’à s’épuiser complètement est absolument magnifique.
Les choses se sont ouvertes, les choses se sont épanouies, les choses ont accumulé de la richesse, puis elles se sont données, entièrement, avant de se retirer silencieusement.
C’est le mouvement même du vivant.
Ce qui se passe dans la pratique de la méditation est à l’image de ce mouvement.
Quelque chose s’abandonne dans la pratique.
Le seul fait de prendre un moment pour s’asseoir et ne rien faire implique un abandon.
Nous abandonnons ces quelques instants que nous aurions pu consacrer à autre chose.
Nous abandonnons pour un temps nos activités , nos responsabilités qu'elles soient familiales, sociales ou culturelles.
Nous changeons de mode....
Puis, une fois assis, nous abandonnons nos mouvements, nos paroles et jusqu’à nos pensées et nos émotions.
Les choses surviennent, mais nous ne nous y attardons pas, nous les laissons passer.
Nous abandonnons l’idée d’être ailleurs que là où nous sommes, d’être autre chose que ce que nous sommes, de vivre autre chose que ce qui se présente à nous ici et maintenant, moment après moment.
Nous nous abandonnons à chaque instant. Et à mesure que cet abandon a lieu – un peu malgré nous qui résistons toujours – quelque chose du mouvement fondamental de la vie se donne.
Dans notre souffle, dans l'énergie de l’air qui nous entoure, quelque chose de tout à fait simple et silencieux se montre doucement, en silence et en toute simplicité.
A chaque instant l'automne nous ramène à cet espace que nous découvrons au fil des pratiques, cet espace où rien ne nait, ni ne meurt mais où tout se transforme.
Voici un texte de Thich Nhat Hanh
( Moine Vietnamien enseignant de la pleine conscience )
Un jour d’automne, dans un parc, mon attention était absorbée par une très belle feuille, toute petite, en forme de cœur, presque rouge.
Elle tenait à peine à la branche, et s’apprêtait à tomber.
J’ai passé un long moment avec elle à lui poser des questions.
J’ai découvert qu’elle avait été une mère pour l’arbre.
D’ordinaire, on s’imagine que l’arbre est une mère et que les feuilles ne sont que les enfants, mais tandis que je contemplais cette feuille, il m’apparut qu’elle était aussi une mère pour l’arbre.
. La sève que les racines font monter dans les branches n’est faite que d’eau et de minéraux, donc ne suffit pas à nourrir l’arbre.
En fait, l’arbre distribue de la sève brute aux feuilles et celles-ci l’élaborent avec l’aide du soleil et de l’air pour la distribuer ensuite comme nourriture à l’arbre.
C’est pourquoi les feuilles sont aussi les mères de l’arbre.
Etant reliées à l’arbre par les tiges, leur point de communication n’est pas difficile à distinguer.
Nous, nous n’avons plus de tige nous reliant à notre mère, mais lorsque nous nous trouvions dans son ventre, nous en avions une : le cordon ombilical.
L’oxygène et la nourriture dont nous avions besoin étaient transmis par ce cordon.
Mais, à notre naissance, il a été coupé, et nous avons eu l’illusion d’être indépendants. Mais nous ne le sommes pas. Pendant longtemps encore, nous nous en remettons à notre mère, et nous aussi nous avons plus d’une mère.
La Terre est notre mère. Et de très nombreuses tiges nous relient à elle. Il y a celles qui nous relient aux nuages. Sans les nuages, pas d’eau que nous puissions boire.
Notre corps est composé d’au moins soixante-dix pour cent d’eau et la tige qui nous relie au nuage existe vraiment, comme existe le lien avec la rivière, la forêt, le bûcheron, ou le paysan.
Des centaines de milliers de tiges nous relient à tout ce que renferme le cosmos, nous soutenant et rendant possible notre existence.
Voyez-vous le lien entre vous et moi ?
Si vous n’existiez pas, je n’existerais pas non plus.
Cela est certain. Si vous n’en avez pas encore conscience, s’il vous plaît, approfondissez votre regard et je suis sûr que vous distinguerez le lien entre nous.
J’ai demandé à la feuille si elle craignait l’automne qui était là et qui faisait tomber les autres feuilles.
Elle me répondit : « Non. Pendant le printemps et l’été, j’étais pleine de vie. J’ai travaillé dur pour contribuer à nourrir l’arbre ; maintenant, je suis en grande partie passée dans l’arbre. Je ne suis pas que cette forme. Je suis également l’arbre tout entier, et quand je serai retournée à la terre, je continuerai de nourrir l’arbre. Donc je ne m’en fais pas le moins du monde. Lorsque je me serai détachée de ma branche et danserai vers le sol, je ferai signe à l’arbre en lui disant : » A très bientôt ! ».
C’était un jour de grand vent. Au bout d’un moment, je vis la feuille se détacher de sa branche et voltiger joyeusement en direction du sol. Se voyant déjà dans l’arbre, elle étais très heureuse. Je l’ai saluée avec révérence, sachant que j’avais beaucoup à apprendre d’elle.
Thich Nhat Hanh
Quelques ouvrages de TNH :
PROPOSITION D' ECRITURE
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