ECRITURE CREATIVE - MEDITATION PLEINE CONSCIENCE
5 Novembre 2020
Partout, en France, les centres sociaux sont des structures de proximité qui animent le débat démocratique, accompagnent des mobilisations et des projets d’habitants, et construisent de meilleures conditions de vie, aujourd’hui et pour demain. Ils proposent des activités sociales, éducatives, culturelles, familiales pour répondre aux besoins dans le territoire.
En cette période d’urgence sanitaire causée par la COVID-19, nos vies sont chamboulées.
Il est temps de prendre nos distances physiques, tout en restant bien connectés et unis afin d’offrir notre aide, lorsque cela est possible, à ceux et celles qui nous entourent et qui en ont besoin.
C’est aussi une période où il fait bon d’appeler des amis et la famille pour savoir comment ils
" tiennent le coup. "
Un centre social est une communauté et la distanciation physique ne veut pas dire que nous devons affronter cette situation en solitaire ou que nous ne pouvons pas prendre soin les un des autres.
Saviez vous que la poignée de main signifiait à l’origine qu’on n’allait pas dégainer une épée pour menacer l’autre mais qu’au contraire, on était animé d’un geste amical ?
Le covid-19 n’a pas seulement supprimé les embrassades et serrages de main. Il les a interdit en faisant peser sur autrui une menace.
Là où régnait une fluidité relationnelle, s’installe l’embarras.
On recule, on se tourne, gêné de signifier à l’autre la peur d'une contamination réciproque.
Nerveusement éprouvante, cette situation exige de chacun de se tenir sur ses gardes et surtout remet en cause le lien social.
Comment signifier à l’autre, à travers le masque qu’il n’est pas menaçant afin de ne pas lui faire perdre la face ?
Le masque prive l’autre des signaux faibles : haussement de sourcils, sourire, micro-mouvements… Or, comme l’explique la sociologue Danah Doyd, ces signaux faibles foisonnent dans les interactions en face-à-face et constituent même la plus importance source d’information dans les interactions sociales.
Le verbal compterait moins que les signaux faibles non verbaux. En période de confinement, du fait du masque, les marqueurs de l’engagement deviennent tenus voire absents alors que l’évitement monte en puissance.
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Le sans contact s’étend aux paiements : les objets eux-mêmes deviennent source de suspicion. L’échange de nourriture entre collègues et amis reste soumis au bon jugement de chacun : partagé entre peur d’être contaminé et désir de ne pas vexer ses amis, chacun navigue à vue, faisant au mieux.
Cette situation risque de perdurer encore quelques mois avant que nous retrouvions la sérénité du paquet de gâteaux posé au centre de la table dans lequel chacun pioche avec insouciance et gourmandise.
Comment concilier convivialité et risque sanitaire ? Et surtout comme faire lien, vivre ensemble tout en acceptant l’autre sous conditions ?
En acceptant un gâteau de l’autre, je contracte une dette et je donne un futur à notre relation.
Ce rejet, légitime compte tenu du risque du covid-19 affecte la possibilité d’échanger et de nourrir nos relations sociales.
Sommes-nous encore dans le dilemme du porc-épic raconté par Arthur Shopenhauer en 1905 ?
“Par une froide journée d’hiver un troupeau de porc-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur.
Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’écarter les uns des autres.
Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux maux jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable.
Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur vie intérieure, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses manières d’être antipathiques et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau.
La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières.
Par ce moyen le besoin de se réchauffer n’est, à la vérité, satisfait qu’à moitié, mais, en revanche, on ne ressent pas la blessure des piquants.
Cependant celui qui possède assez de chaleur intérieure propre préfère rester en dehors de la société pour ne pas éprouver de désagréments, ni en causer”.
Ainsi, selon la philosophie d' Arthur Schopenhauer, l’homme ne peut ni vivre seul, ni vivre en promiscuité, la société est donc cette distance médiane par laquelle les hommes se supportent tout en restant utiles les uns aux autres. Les hommes gardent leurs distances grâce aux règles de vie en société, ce qu’il nomme politesse.
Les Parerga et Paralipomena est un recueil d'Arthur Schopenhauer publié en 1851. Écrits dans un style facile d'accès et abordant des sujets souvent familiers, les Parerga et Paralipomena connurent un grand succès et sont à l'origine de la reconnaissance tardive d'Arthur Schopenhauer.
Voici, pour illustrer notre actualité et en relation avec la parabole de Schopenhauer, les mots et le message du Centre Social R. Doisneau, qui reste bien connecté et uni afin d’offrir de l'aide, lorsque cela est possible, à ceux et celles qui nous entourent et qui en ont besoin.
Je vous propose d'utiliser ces mots dans un texte de votre composition, pour illustrer vos sentiments et impressions sur cette période si " particulière " que nous vivons ...... et de déposer vos textes dans la rubrique " Commenter ".
LHERM 12/11/2020 10:15
tr Christine 12/11/2020 10:04
Maryvonne 08/11/2020 14:27
Chantal L 08/11/2020 07:49
Isabelle M. 07/11/2020 15:03
Catherine 06/11/2020 19:45
Atchoum 06/11/2020 14:12
covix 05/11/2020 18:37
Pascale 05/11/2020 18:55