5 Avril 2020
Voici un extrait d'un article du philosophe Italien E.Coccia paru dans le journal" Le Monde" du 4.04.2020 à propos de la pandémie.
Je l'ai aimé, je vous le transmets :
.....Avec l'épidémie due au nouveau coronavirus, faisons nous l'expérience de notre extrême vulnérabilité ?
Pour la première fois depuis très longtemps, - et à une échelle planétaire, globale- nous rencontrons quelque chose dont la puissance est bien supérieure à la nôtre et qui parvint à nous mettre à l'arrêt pendant des mois. D'autant plus qu'il s'agit du virus, c'est à dire du plus ambigu des êtres sur Terre, celui pour le quel on a du mal même à parler de " vivant " ; il habite le seuil entre la vie " chimique" qui caractérise la matière et la vie biologique, sans qu'on puisse définir s'il appartient à l'une ou à l'autre.
Il est trop animé pour l'une, trop indéterminé pour l'autre.
C'est dans son corps même qu'il trouble l'opposition nette entre la vie et la mort.
Et pourtant cet agrégat de matériel génétique en liberté à fait s'agenouiller la civilisation humaine techniquement la plus développée de l'histoire de la planète.
Nous avons rêvé d'être les seuls responsables de la destruction. Nous faisons l'expérience que la Terre peut se débarrasser de nous avec la plus petite de ses créatures.
C'est très libérateur : nous sommes enfin libérés de cette illusion de toute puissance qui nous oblige à nous imaginer comme le début et la fin de tout événement planétaire, dans le bien comme dans le mal, à nier que la réalité en face de nous soit autonome par rapport à nous.
Même une minuscule portion de matière organisée est capable de nous menacer. La Terre et sa vie n'ont pas besoin de nous pour imposer des ordres, inventer des formes, changer de direction.
Emanuele Coccia
Propos recueillis par Nicolas Truong, Le Monde.
Cet article vous inspire ? Il provoque des questions? Des réflexions ? Des commentaires ?
La rubrique " COMMENTER CET ARTICLE " est à vous !